LA PÉROUSE
Seule la marine était sortie invaincue de la campagne de 1939-1940. Les amiraux, dont le chef, François Darlan, est considéré comme le dauphin du maréchal Pétain, de même que les marins, peuplent les cabinets ministériels de Vichy.
Cette influence se ressent bientôt sur le plan philatélique, et les sujets maritimes deviennent nombreux en 1941 et en 1942. Il en va ainsi du timbre célébrant le bicentenaire de la naissance de Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse (1741-1788).
En 1785, ce navigateur français était parti de Brest avec les deux frégates ['Astrolabe et la Boussole pour un voyage de découverte autour du monde. Les navires firent cependant naufrage en 1788, et l’équipage, selon toute vraisemblance, fut massacré par les indigènes de l’île de Vanikoro (Océanie).
Au début du mois de mars 1941, le sénateur maire d’Albi (Tarn), d’où La Pérouse était originaire, fait la demande d’un timbre commémoratif à l’amiral Darlan, qui en réfère au ministre de l’économie Bouthillier. Le 17 juillet 1941, le secrétariat général des P.T.T répond qu’il est impossible de préparer le timbre pour le 23 août, jour anniversaire de la naissance de La Pérouse, et promet de revoir la question après la réalisation de la série d’usage courant Pétain. Par ailleurs, la surtaxe demandée pour le musée d’Albi n’entre pas dans le cadre des grandes causes agréées par le Secours national.
Charles Bellet, administrateur du musée, trouve une solution : la surtaxe de 7,50 francs ira au Secours national qui en reversera une partie au musée d’Albi ; en contrepartie, le musée s’engage à aider les artistes dans le besoin par l’achat d’œuvres.
L’émission est finalement autorisée le 4 septembre 1941, et le bon à tirer signé le 12 février 1942.
Le tirage s’élève à 1,23 million d’exemplaires.
Le 27 novembre 1942, la flotte se saborde à Toulon, et les sujets maritimes vont disparaître des programmes philatéliques du gouvernement de Vichy.
