Maréchal Pétain, série d’usage courant
L’émission d’un premier timbre grand format à l’effigie du. maréchal Pétain est autorisée le 17 septembre 1940.
Après Napoléon III, Pétain est le deuxième personnage vivant représenté sur un timbre français. L’artiste Jules Piel, qui avait servi sous le commandement du maréchal Pétain pendant la Première Guerre mondiale, choisit de le représenter tel qu’il l’avait connu, dans son uniforme de 1918, avec une légende « Maréchal Pétain, chef de l’Etat français », accompagnée du monogramme RF.
Le maréchal en fut très touché, mais demanda à être représenté dans une tenue de coupe un peu plus moderne. Aussi Piel retoucha son dessin et fit disparaître la légende jugée inutile.
La légende « République Française », qui, sauf pendant le second Empire, figurait in extenso ou en abrégé sur tous les timbres français d’usage courant, a disparu pour faire place à la mention « Postes Françaises ». Le 1 franc, destiné à être le plus utilisé puisqu’il correspond au tarif de la lettre simple, est imprimé en priorité. Certains receveurs le mettent en vente dès le 27 décembre, mais il n’est en fait disponible officiellement qu’à partir du let janvier 1941.
L’Echo de la Timbrologie est très élogieux vis à vis du timbre ainsi que du personnage qu’il représente.
Du fait de la pénurie de matières premières, notamment de papier et de chiffons d’essuyage, la Poste effectue un tirage trop faible et doit limiter les ventes jusqu’au 15 janvier, à raison de dix exemplaires par personne.
Cette mesure provoque les réclamations des négociants qui ne se voient octroyer que dix timbres lorsqu’ils en demandent parfois plusieurs milliers. Les particuliers, eux aussi, sont mécontents, car le timbre est très rapidement épuisé. Certains soupçonnent même les postiers d’encourager la spéculation. Les trois autres timbres sont mis en vente le 25 janvier 1941.
Le maréchal Pétain, qui reçoit un album de luxe réalisé par les ouvriers de l’Atelier des Timbres-Poste, exprime sa « vive satisfaction pour la représentation toute d’élégance et de distinction française de ce travail ».
Le 1 F est tiré à plus de 4 millions d’exemplaires, tandis que les trois autres timbres approchent les 2 millions d’exemplaires chacun. Un philatéliste du Tarn écrit d’ailleurs au maréchal pour suggérer l’émission de timbres petit format. Le deuxième bureau de l’Exploitation postale en prend bonne note. Tous ces timbres seront démonétisés le 1er novembre 1944.
