Inventée par Oscar Roty, la Semeuse est classée comme étant l’un des timbres d’usage courants les plus célèbres de l’Histoire de France. Son émission fût à partir du début du XXème siècle. Comme son nom l’indique, elle présente une jeune Semeuse au soleil levant. Découvrez dans cet article l’histoire et les particularités de cette ligne de timbres rarissimes.
Histoire de la Semeuse
La Semeuse est une figure emblématique française, créée par Oscar Roty vers 1887. Elle illustre une magnifique jeune femme qui sème des graines à contre vent. Au fil du temps, elle est devenue l’un des symboles les plus célèbres de la République Française. D’ailleurs, elle ne tarde pas à être reproduite sur les pièces de monnaie et les timbres postaux.
Les caractéristiques de la Semeuse
La présumée « Semeuse » représente une jeune paysanne. Son allure élégante et raffinée lui confère un charme particulier. Aucun trait spécifique ne peut être distingué, puisqu’elle se tient de profil. Par ailleurs, sa silhouette est remarquablement fine. Elle marche avec une grande délicatesse, tout en balançant son bras afin de puiser les grains dans le sac.
Pourquoi cet engouement pour la Semeuse ?
Les racines de cet engouement pour la Semeuse remonte à bien loin, notamment vers la Révolution française. Pendant le régime monarchique, la figure illustrant le pouvoir d’Etat était un moyen de représenter l’image du roi. Lorsque le régime républicain fut ses premiers pas, il fallait trouver une représentation qui soit fidèle à ce principe de pouvoir « partagé et collectif ».
L’idée fut alors d’utiliser le langage « symbolique » tirant ses origines des traditions gréco-latines. Ce concept consistait à mettre en avant des corps de femmes renfermant des allégories particulières selon leur caractéristiques :
- Une femme portant une balance pour représenter la justice ;
- Une femme portant une faucille pour symboliser l’agriculture ;
- Une femme avec un miroir pour illustrer la vérité ;
- Ou encore une femme qui porte un bonnet phrygien faisant allusion à la liberté.
Tout cela pour dire que l’insertion de ces illustrations de femmes, de déesses et de gueuses dans la politique de la première République Française n’est pas la le fruit du hasard.
Que représente la Semeuse ?
L’interprétation de cette figure emblématique de République Française a toujours été au cœur de nombreux débats.
A première vue, la Semeuse ferait allusion à l’agriculture, puisqu’elle semblerait semer du blé. D’ailleurs, certains commentateurs de l’Epoque assimilaient la Semeuse à une image ruraliste. Peut-être Roty aurait-il voulu apporter un soutien aux paysans et ruraux ?
Pourtant, l’une des raisons pour laquelle la Semeuse ne peut pas être une ruraliste, c’est qu’elle était une radicale. De plus, si son créateur avait voulu faire allusion à l’Agriculture, la Semeuse n’aurait pas représenté une femme.
L’interprétation officielle de la Semeuse est beaucoup plus moderne, éducatrice et surtout novatrice. Le fait qu’elle « sème » renferme un symbolique bien plus profond qu’une simple allusion à l’Agriculture. Sur cette figure, la Semeuse sèmerait non pas du blé, mais des bons principes, des idées et des convictions. Cela est fidèle à l’image même du régime républicain.
Les débuts du timbre de type Semeuse
A l’origine, la Semeuse figurait déjà sur les pièces de monnaie françaises. Il faudra attendre en 1903 que le timbre à l’effigie de cette fameuse Semeuse radicale soit démocratisé.
Le 7 juin 1902, Georges Trouillot, ancien député du Jura, fut nommé nouveau ministre du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes au cours du gouvernement d’Emile Combes. Bien qu’il fût lié d’amitié avec Oscar Roty, il s’est servi d’un coup médiatique porté sur cette mystérieuse jeune femme qui figurait sur les pièces de 50 centimes. Cela lui permettrait de garder sa place un peu plus longtemps. Ce fameux concept prônait « La France semeuse d’idées ».
En octobre 1902, Georges Trouillot déclare que les timbres de 1 à 30 centimes seraient désormais représentés par la Semeuse. Un arrêté officiel fut promulgué dans la presse. Bien évidemment, il a obtenu préalablement l’accord de Roty, le créateur de ce chef d’œuvre. Aussitôt, la nouvelle se répandit dans les 4 coins de l’Hexagone et obtint l’approbation du peuple. Ce timbre renfermait un message puissant, celui de « La République en marche ». Il serait l’image d’une France moderne et républicaine.
Un moulage en plâtre fut ainsi réalisé afin que le graveur puisse entamer la réalisation des premiers exemplaires. C’est Eugène Mouchon, graveur semi-officiel des timbres-poste, qui endosse cette lourde responsabilité. Ainsi, il sortit la célèbre « Semeuse lignée », comprenant 3 sous-types. Pourtant, aucun des modèles ne fut approuvé.
Mouchon a du retravaillé l’esthétique du timbre Semeuse de nombreuses fois, et ce, pendant plusieurs années. Différents projets ont été soumis au ministre, notamment la « Semeuse avec soleil devant » ou la fameuse « Semeuse avec sol ». C’est cette dernière, de couleur rouge et d’une valeur faciale de 10 centimes, qui fut retenue. Pourtant, le ministre ordonne de refaire le timbre en enlevant le « téton » et le sol. Il remarque également que les lettres rendaient mal à l’impression puisqu’elles étaient beaucoup trop fines. D’ailleurs, ce timbre est surnommé « Semeuse maigre ».
Déçu par le travail de Mouchon, le ministre de l’époque décide alors de solliciter le savoir-faire d’un autre graveur appelé Lhomme. Ce dernier est a créé la version définitive du timbre, la « Semeuse camée ». Son rang de simple graveur retoucheur ne lui permettait pas de modifier les signatures inscrites sur le modèle. Cela explique le fait que son nom ne figure pas sur le timbre, mais celui de Mouchon.
Au fil des époques, la Semeuse a su garder ses lettres de noblesse. Elle mériterait même le titre de la reine des timbre-monnaie. Bien plus qu’un simple timbre, la Semeuse est considérée comme une œuvre d’art à part entière. C’est le timbre rêvé de tout philatéliste digne de ce nom.
Aujourd’hui, la Semeuse sacrée comme étant la plus rare de France est définitivement la Semeuse 15c lignée au type VI. Ce timbre coûte dans les environs de 7 000 euros et même plus.
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